L’œuvre alchimique de Loïc Casteluccio enchante et désoriente par son jeu sur les teintes océan-terre, les textures lisses, poreuses, dures ou veloutées, la transformation à la fois des éléments et de l’espace d’où surgissent ces formes rappelant les monolithes, les météorites ou les totems. Un voyage du fond des océans au cosmos où le minerai de plomb, tel le mercure métal ou mythologique, se transforme d’un état à l’autre.

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Le parti pris du fond noir avec un éclairage focalisé sur les formes de plombs de pêche cueillis pendant des mois dans les fonds sous-marins du Pacifique, auquel fait écho la forme fondue du métal qui lui redonne sa brillance originelle, engage à ce voyage à travers temps, espaces et qualités élémentaires.

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Transformation des éléments fondamentaux et passage d’un état, d’un temps ou d’un espace à l’autre : des contrées primitives adulant les totems, aux amoncellements de têtes ou d’ossements, à la borne qui délimite les territoires ou sert de repère sur le chemin des voyageurs… Mercure n’est pas loin, lui le passeur et le guide des âmes vers le monde souterrain des enfers,  guide aussi des voyageurs, ou encore dieu des échanges et du commerce, messager des dieux, en lien avec l’au-delà céleste. Ses pieds ailés et son caducée ne peuvent-ils relier les hommes entre eux, comme les hommes et les dieux ; la terre et le ciel ; et, au-delà, les mondes infra et supra terrestres ; les fonds océaniques et le cosmos ?

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Les teintes bleues, vertes, brunes, noires font écho à cette translation possible entre les mondes.

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On est spectateur de la transsubstantiation des matières et des qualités physiques et chimiques : de la pierre, brute ou polie, au métal érodé par le sel ou le corail et au bois sculpté ; du solide au liquide ; du gravitationnel à l’apesanteur ; de la forme phallique au cercle primordial, symbole d’unité et d’harmonie.

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Le mercure alchimique comme fil conducteur de cet œuvre de plomb qui, de poids, devient élément de lévitation et nous laisse entrevoir quelques-unes des lois universelles : voici une belle plongée en perspective dans l’univers alchimique de la création.

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Lydie PONS - 2019